On sonne à la porte. Je me demande qui cela peut bien être, je regarde dans le juda: c'est mon ex mari... Quelle surprise. Il passait devant chez moi, a vu ma voiture et est passé me faire un petit coucou. Je l'accueille chaleureusement. Cette visite n'est pas programmée, toutes les questions et les choses que j'ai envie de lui dire depuis des jours sont dans le désordre, ça va donc se faire au feeling. On parle de tout, notamment de son mari, j'en apprends un peu plus sur lui. J'en profite pour répondre aux questions de son dernier mail qu'il m'a envoyé il y a deux jours. Dans ce mail, il me disait qu'il espérait que je le prévienne si je trouvais le big love. Cette question est importante pour lui apparemment, il avoue qu'il est curieux, il me la repose "tu as trouvé ton Roméo?". Je lui réponds que non, et avec le sourire j'ajoute que je ferais comme lui... j'attendrais plusieurs mois pour le lui révéler. Il me dit que cela a été dur pour lui de me cacher sa relation, et qu'il a été libéré d'un poids quand il me l'a avoué. Il me précise qu'il a fortement apprécier ma réaction, j'en profite pour lui dire que j'ai eu un choc après cela, même si je n'ai rien laissé paraître, je lui dis que j'ai eu le sentiment d'avoir été vite remplacé, ces quelques paroles ont été échangées à la fin de notre rencontre (une nouvelle fois en descendant les escaliers...). Je ne lui ai pas parlé de mes larmes, de mes crises, de mon chagrin... ces derniers jours je réussis à oublier, à zapper un peu ce qui m'arrive. Auparavant il m'a un peu parlé sexe, je n'ai pas aimé, je n'ai pas besoin de savoir ce qu'ils font tous les deux... J'ai donc été un peu blessé d'entendre cet épanouissement sexuel, j'ai donc sorti une cartouche. Je lui ai dit que j'avais passé de bons moments à la plage à deux ou à trois... je le laisse imaginer les scènes. J'ai senti que ça lui a fait un petit choc, chacun son tour. Mais moi le choc que j'avais eu n'est pas comparable, j'ai eu un tsunami et lui a eu une vaguelette. On s'est donc revu quatre semaines après la fameuse annonce dévastatrice, quatre semaines déjà, mais je pense tellement à ma vie sans lui, et à sa vie avec lui, qu'il est très présent dans mes pensées tout le temps, d'où le sentiment que le temps était moins long. Je suis allé faire des courses ensuite, et je n'ai rien oublié. Aujourd'hui niveau moral ça allait, hier ça n'allait pas, les nerfs qui lachent parfois, la fatigue sans doute aussi, tu fais semblant d'aller bien (au boulot, dans la rue, avec un pote etc...) mais quand t'arrives chez toi, tu craques, tu t'effondres en larmes... la partie n'est pas gagnée. Je m'interroge sur le fait qu'il soit venu me voir: pourquoi? peut-être parce qu'il a une pensée obsédante, à savoir si j'ai un Roméo. Pourquoi est-ce que ça l'intéresse de savoir ça?...

Je ne l'ai toujours pas revu, hormis peu de jours après la fameuse "révélation" fortuitement en ville. Cette rencontre fut brève et inattendue, quelques politesses d'usage et puis c'est tout. Ce fût l'occasion des présentations: mon ex me présente son nouveau mec, à qui je réponds cordialement "enchanté", il me fixa et ne dit aucun mot, je sentais déjà qu'il ne m'aimait pas: j'ai la casquette de l'ex, il me voit peut-être comme un danger, une menace, bref si je pouvais être muté en Sibérie il serait ravi je pense. Mon ex mari m'a dit que son mec n'était pas enjoué à ce que l'on se voit, au début c'était même impossible apparement, mais leur confiance mutuelle et leur amour grandissant ont permis de débloquer la situation. Je me mets à la place de son nouveau mec: quel intérêt que son mec voit ses ex? aucun, mais même si ça s'est mal terminé, des affinités entre ex subsistent et une amitié peut en découler. Son mec ne doit pas me voir comme un danger, mais je pense qu'il devine que mon ex m'a aimé vraiment et qu'il a éventuellement la crainte qu'il recraque, or ce ne peut-être le cas parce que leur amour est fort et inébranlable. Peut-être me voit-il comme un manipulateur qui essaierait de mettre des grains de sable dans leur relation: genre raisonner mon ex pour lui dire que c'est un peu rapide pour se pacser, lui faire peur en lui disant que c'est peut-être pas le bon et que l'amour rend aveugle, lui donner les statistiques des ruptures etc... mais je ne suis pas comme cela, je respecte les couples et tout ce que cela comporte, et je crois en leur relation. Donc je ne l'ai toujours pas revu, et pourtant j'aimerais bien parce qu'il manque des pièces à mon puzzle, encore des interrogations qui subsistent, besoin de lui dire directement ou indirectement que j'ai eu un choc, besoin de lui dire que l'officialisation de notre séparation ne m'avait pas laissé insensible, pour l'instant il est possible qu'il pense que je n'ai pas été affecté puisque je n'ai rien laissé transparaître. Le revoir va peut-être me replonger encore plus vers le bas, mais je prends le risque, ce risque n'est pas grand puisque je suis déjà dans une bad période. Je sais que le mieux serait sans doute d'oublier tout cela, de passer à autre chose, de zapper mon ex, de tourner définitivement la page, mais j'en suis incapable. A ce jour je ne prends aucun médicament, aucune drogue (hormis mes fraises Tagada), pas d'alcool et je ne vois pas de psy, je me demande d'ailleurs comment je fais, pour l'instant j'évacue ma peine et ma peur de l'avenir par des larmes quotidiennes, mais vais-je tenir longtemps comme cela? Je vais être usé petit à petit, mes défenses sont amoindries, il suffit d'un nouveau choc ou d'un nouveau drame dans ma vie et je suis à terre, 2008 est une année maudite pour moi j'ai l'impression.

J'avais du temps pour moi, je décidais de me faire une nouvelle compil de chansons sympa et douces pour écouter dans la voiture, bref quelque chose qui correspond à mon état du moment. Je veux des chansons pas récentes, je cherche donc dans mes fichiers mp3 de mon ordi. Je tombe sur certaines chansons françaises, je me souviens que mon ex mari les aimait c'est d'ailleurs lui qui me les avait filées, c'était au début de notre relation. Il me disait qu'elles étaient belles et que les textes avaient du sens, bref il avait un côté romantique. Il affectionnait quelques chansons en particulier, et il me le faisait remarquer, je devinais qu'il y avait un message là-dessous mais je ne cherchais pas, j'étais un peu speed à cette époque. En fait je ne prêtais pas attention aux paroles, je m'en foutais royalement, j'étais branché techno. Aujourd'hui je reécoute donc ces chansons qu'il affectionnait particulièrement, et j'écoute les paroles... je découvre sa sensibilité et je comprends les messages qu'il voulait me faire passer: c'était de vrais déclarations... comment ai-je pu être aussi hermétique? En gros, pour résumer, ça disait qu'il m'aimait, qu'il sentait pas que je l'aimais autant, mais qu'il attendrait parce qu'il m'aimait trop. Bref inconsciemment je le savais déjà. Ca n'a pas dû être facile pour lui de vivre ça, aimer quelqu'un qui ne vous aime pas autant, ça a dû être une souffrance. Il est vrai que je ne suis pas démonstratif, et je sais que je ne l'aimais pas autant qu'il m'aimait. Quand quelqu'un t'aime beaucoup, tu as tendance à être désinvolte malheureusement. Je n'ai pas été attentif à divers signaux. Que de regrets maintenant, je n'avais qu'à faire des déclarations, montrer des preuves d'amour et d'affection, et je serais, j'en suis sûr, toujours avec lui aujourd'hui, mais aurais-je été sincère? Je n'ai pas tenté de le récupérer sur la fin parce qu'inconsciemment je ne croyais plus en notre histoire. Mais pourquoi je chiale tous les jours alors? Sans doute parce que, entre mélancolie et nostalgie, je suis blessé d'avoir perdu peut-être une perle rare, blessé d'avoir été remplacé, empli de regrets sur le passé pré-rupture, blessé d'être seul, blessé parce que je n'aime pas les fins. Il a fallu du temps mais aujourd'hui je deviens un romantique sans doute lié à mon état du moment, mais de cette rupture j'en tire des enseignements au fil des jours pour ne pas commettre les mêmes erreurs: il ne faut pas être avare en sentiments et multiplier les preuves d'affection au risque de le regretter par la suite.